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© Jacques Monory, photo: Tom Lucas, MNHA

La Figuration narrative, entre peinture et politique

Représentative de la vitalité de l’art français des «Trente glorieuses», la figuration narrative est née de l’action du critique d’art Gérald Gassiot-Talabot et des peintres Bernard Rancillac et Hervé Télémaque, lesquels en juillet 1964 organisent ensemble au Musée d’art moderne de la Ville de Paris l’exposition Mythologies quotidiennes. Au moment même où le pop art triomphe à la Biennale de Venise (le Grand Prix de peinture est attribué en juin 1964 à Robert Rauschenberg) et s’impose en Europe, l’exposition Mythologies quotidiennes réunit des artistes qui à l’instar de leurs homologues américains, placent la société contemporaine et ses images au cœur de leurs œuvres. Parmi eux, on compte Arroyo, Bertholo, Bertini, Fahlström, Klasen, Monory, Rancillac, Recalcati, Saul, Télémaque, Voss.

Cependant, il faut lire dans les œuvres des artistes de la figuration narrative, une critique sociale forte et incisive. Plus que les Américains, les Français ont compris le potentiel subversif de leurs œuvres dans un climat international tendu. Les guerres d’Algérie et du Vietnam ainsi que la Guerre froide donnent lieu à des images-chocs. La figurative narrative va donc se démarquer de la neutralité sociale de l’École de Paris aussi bien que du formalisme du pop art américain en dénonçant les aliénations de la vie contemporaine.

Par Nathalie Becker – maitre en histoire de l‘art et archéologie